Évacuation des eaux

©Callum Hill

Peut-être avez-vous lu ces derniers jours des articles indiquant que la Mairie de Paris avait identifié qu’environ 100 000 chambres de bonnes sont vides à Paris et qu’elle réfléchissait à un moyen de pouvoir transformer ces surfaces en logements (notamment sociaux).

Peut-être même avez-vous poussé la lecture jusqu’à réaliser qu’environ 50% de ces chambres vides ne pouvaient être louées en raison de leur surface trop petite (la loi impose une surface minimale de 9m² pour la location).

Peut-être enfin, avez-vous conscience du fait que la taille de ces chambres n’est pas la seule problématique qui se pose.

 

En effet, ces chambres spartiates ne correspondent plus du tout au confort moderne et il est bien rare de pouvoir y installer une douche, et a fortiori des WC.

 

Concrètement, la problématique principale de l’agencement de ces espaces, et notre sujet du jour, est principalement l’évacuation des eaux usées. En effet, dans le meilleur des mondes, trois types d’eau devraient être recueillies (et traitées séparément) :

  • Les eaux vannes (EV – les WC)
  • Les eaux usées (EU – les eaux issus d’un usage domestique : douche, cuisine, lessive,…)
  • Les eaux pluviales

 

Dans les faits, le réseau d’assainissement de Paris, récupère (pour l’instant) sans tri l’intégralité de ces eaux dans un même collecteur. Les immeubles neufs ont néanmoins l’obligation en amont de séparer d’un côté les eaux pluviales et de l’autre les EU-EV pour qu’à terme deux réseaux de collecte distincts puissent être mis en place de manière à mieux retraiter ces eaux.

 

Au sein d’une copropriété, la récupération de ces trois type d’eau de manière séparée répond à la fois à des enjeux écologiques (retraitement des eaux) mais aussi hygiéniques.

En effet, mélanger les eaux vannes et les eaux usées expose les copropriétaires à des remontées d’odeurs pas forcément agréables, voir à des débordements des moins ragoutants en cas d’obstruction d’une colonne de descente.

 

Le règlement sanitaire de la Mairie de Paris enjoint donc que les raccordements de WC se fassent uniquement sur des colonnes d’eau vanne. Problème, le raccordement à ces colonnes n’est pas forcément évident dans les immeubles anciens, car la canalisation qui part des WC pour rejoindre la colonne en question doit avoir plusieurs caractéristiques :

  • Un diamètre d’au moins 100 mm (pour l’évacuation de matières)
  • Respecter une pente de 2 % pour la bonne évacuation (soit 2cm par mètre)

 

Si la colonne en question est située loin des WC, on imagine bien qu’il n’est pas possible de faire passer une canalisation de 10cm à travers son appartement, des parties communes, ou encore chez son voisin pour l’atteindre. Qui plus est, il faut respecter la pente et donc potentiellement attaquer le plancher (mais pas le plafond du voisin du dessous !), pour avoir une solution techniquement viable.

 

Pour contourner à la fois ces contraintes techniques et éviter de gros travaux, moults propriétaires à Paris ont opté pour l’installation d’un sanibroyeur. Celui-ci présente en effet plusieurs avantages :

  • Ils permettent d’avoir recours à des canalisations de 22mm au minimum (quoique 30 à 40 mm sont recommandés pour un usage optimal).
  • Il n’y a pas de pente à respecter, les matières étant, après broyage, expulsées sous pression.

 

L’inconvénient de ce système réside dans son utilisation abusive par des copropriétaires peu scrupuleux qui n’ont pas hésité une seconde à faire des raccordements sauvages de ce type d’appareil sur des colonnes d’évacuation d’eaux usées, voire des colonnes d’eau pluviales.

 

Jeeves a constaté sur le terrain, de manière totalement empirique, que la quasi-totalité des immeubles anciens parisiens présentaient des branchements… comment dirons nous… aléatoires !

 

Dans l’hypothèse où ce genre d’installation pourrait vous séduire, il  a donc quelques formalités administratives à respecter :

  • Demande d’autorisation à la copropriété (pour la raccordement à la colonne d’eaux vannes)
  • Demande d’autorisation préalable au service technique de l’habitat de la Mairie de Paris.

 

De manière plus large, la vente d’un appartement en copropriété n’est aujourd’hui pas soumise à la délivrance par le vendeur d’un certificat d’assainissement attestant des bons raccordement aux différents types de colonnes d’évacuation (ce certificat est obligatoire pour la vente d’une maison individuelle en revanche).

Il y a fort à parier que ce certificat sera intégré aux diagnostics obligatoires un jour ou l’autre, et que bon nombre de propriétaires vendeurs sont se retrouver dans des situations délicates lorsqu’ils réaliseront que les branchements de leur appartement ne sont pas conformes à la législation…